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Inégalité mondiale : portrait et caractéristiques actuelles

Les 10 % les plus riches de la planète détiennent plus de la moitié de la richesse mondiale, alors que près de 700 millions de personnes vivent avec moins de 2,15 dollars par jour. Cette répartition ne suit ni la croissance économique globale ni l’évolution démographique observée au cours des deux dernières décennies. Certains pays à forte croissance affichent un recul de la pauvreté extrême, mais voient dans le même temps l’écart entre les revenus s’accroître. Les données récentes soulignent que la mobilité sociale stagne, malgré l’expansion de l’éducation et des technologies.

Comprendre l’ampleur des inégalités mondiales aujourd’hui

La distribution des revenus à l’échelle internationale s’est morcelée, opposant une poignée d’ultra-riches à une moitié pauvre de la population mondiale dont le niveau de vie peine à décoller, voire recule. D’après l’indice de Gini, qui jauge l’inégalité au sein d’une société, la concentration des richesses atteint des niveaux inédits dans plusieurs régions du globe, signe d’une polarisation qui s’intensifie.

Actuellement, les 10 % les plus riches s’arrogent près de 52 % des revenus mondiaux. Quant à la moitié pauvre, elle doit se contenter de moins de 8 %. Cet écart sidérant parcourt aussi bien les pays riches que les pays en développement. La progression des revenus n’a profité ni à la classe moyenne mondiale ni aux plus démunis, qui voient leur situation stagner.

    Quelques exemples concrets permettent de cerner cette dynamique :

  • En France, la part des revenus accaparée par le décile supérieur se maintient, tandis que l’ascenseur social donne des signes d’essoufflement.
  • En Chine, si le revenu moyen grimpe, l’écart entre déciles s’élargit, consacrant l’émergence de nouvelles élites économiques.

La pauvreté multidimensionnelle reste la réalité d’un tiers de la population mondiale. Elle déborde la question du revenu pour toucher l’accès aux soins, à l’éducation ou encore à des conditions de vie dignes. Les pays en développement concentrent une majorité de ces situations, mais il serait trompeur de croire que les ultra-riches sont absents de ces régions : ils prospèrent aussi bien là-bas que dans les économies déjà installées.

La croissance des inégalités échappe à toute logique simple. Chaque pays fait face à ses propres tensions et modèles de distribution des revenus. Derrière les statistiques, la réalité du partage des ressources continue de se complexifier à l’échelle planétaire.

Quels facteurs expliquent la persistance et la transformation des écarts ?

La persistance des inégalités se nourrit de ressorts multiples, qui s’imbriquent et se renforcent. D’un côté, le niveau des revenus du travail évolue à des rythmes très différents selon les zones géographiques, les secteurs ou les statuts. D’un autre, les salaires stagnent pour une vaste part de la population mondiale, tandis que les revenus du capital alimentent la fortune d’une minorité.

La question de la fiscalité pèse lourd dans la balance. Ces dernières décennies, la baisse des taux d’imposition sur le revenu et le capital dans de nombreux pays a contribué à accroître le patrimoine des plus fortunés. Des systèmes d’impôt sur le revenu peu progressifs limitent la redistribution et affaiblissent la capacité des services publics à réduire les écarts.

    Certains facteurs aggravent encore cette situation :

  • L’intensification des changements climatiques touche d’abord les plus précaires, renforçant la vulnérabilité de millions de ménages.
  • Un accès fragmenté aux ressources vitales comme l’eau, l’éducation ou la santé accentue la distance entre les plus riches et la moitié pauvre de la population.

Les dernières décennies ont vu les inégalités se transformer sous l’effet de la mondialisation économique, du numérique et de l’affaiblissement des protections collectives. Même dans les pays où la pauvreté a reculé, la polarisation des revenus ne faiblit pas. Le débat sur le partage des richesses, le financement des biens communs et la justice fiscale demeure au centre des interrogations sur le développement contemporain.

Paysage urbain et rural au coucher du soleil

Des pistes pour repenser la lutte contre les inégalités à l’échelle internationale

Face à l’ampleur du défi, réduire les inégalités mondiales suppose de passer à l’action collective, bien au-delà des promesses de circonstance. L’objectif de développement durable 10 (ODD10), établi dans l’Agenda 2030, fixe un cap : réduire les inégalités à l’intérieur des pays et entre eux. Pourtant, les avancées restent lentes, si l’on en croit les analyses récentes de la Banque mondiale ou d’Oxfam. Les écarts de revenus et de niveau de vie persistent, notamment entre pays riches et pays en développement.

Quelques leviers concrets peuvent être mobilisés :

  • Mettre en place une fiscalité internationale plus équitable pour lutter contre l’évasion fiscale et renforcer la redistribution des richesses.
  • Accroître les transferts financiers et technologiques à destination des pays à faible revenu, pour soutenir une croissance inclusive.
  • Assurer un accès universel et réel aux services publics, santé, éducation, protection sociale, afin d’enrayer la reproduction des inégalités.

La base de données World Inequality Database révèle l’ampleur de la concentration des richesses : le décile supérieur rafle près de la moitié de la distribution des revenus mondiaux. Face à ces chiffres, des voix s’élèvent pour réclamer une gouvernance plus démocratique des institutions mondiales et l’instauration de règles contraignantes pour la réduction des inégalités à l’échelle planétaire. Les enjeux de la dette, des droits sociaux et du financement des biens communs restent entiers, tant la distance demeure vertigineuse entre la moitié pauvre de la population et les ultra-riches.

Au bout du compte, la carte des inégalités mondiales dessine un horizon où les écarts se creusent ou se renversent selon les contextes. Reste cette question brûlante : jusqu’où le monde acceptera-t-il que le destin d’une majorité dépende des choix d’une minorité ?