Entreprise

Mesure de la circularité : méthodes et indicateurs clés

Un produit capable de traverser les années sans broncher n’est pas mécaniquement synonyme de circularité exemplaire. Ici, une entreprise se targue d’un taux de recyclage flatteur ; là, une autre mise tout sur la robustesse, mais néglige la réparabilité ou la réutilisation. L’indice de circularité matérielle, souvent mis en avant, ne dit pas tout de l’empreinte globale sur l’environnement.

Les outils d’évaluation reposent sur plusieurs types d’indicateurs, chacun apportant sa pierre à l’édifice :

  • ratio de matières recyclées,
  • durée de vie effective,
  • modularité,
  • taux de récupération en fin de cycle.

Les choix méthodologiques font toute la différence : selon la façon de mesurer, les résultats varient, et la comparaison d’un secteur à l’autre devient vite délicate. La recherche d’une base commune progresse à petits pas, laissant cohabiter des pratiques parfois très éloignées.

Pourquoi la mesure de la circularité devient incontournable pour les entreprises

Prendre la mesure de la circularité s’impose désormais dans le pilotage des entreprises. À la clé : optimiser la gestion des ressources, maîtriser les pertes de matières. L’économie circulaire ne s’affiche plus seulement comme une ambition ; elle se concrétise en modèle où chaque perte, chaque gaspillage, devient source d’innovation. Face à la raréfaction des ressources et aux exigences réglementaires, maîtriser ses flux est devenu un avantage stratégique.

Adopter la circularité, c’est conjuguer rentabilité et respect des limites planétaires. Les clients, les fournisseurs, les investisseurs, les pouvoirs publics : tous réclament des preuves, pas des promesses. La législation sur le gaspillage, la pression venue des marchés internationaux : ces signaux forts font de la mesure de la circularité un levier de dialogue et de différenciation.

Voici les bénéfices concrets qu’en attendent les entreprises :

  • Réduction de l’empreinte environnementale : La circularité impacte la consommation de ressources primaires, la gestion des déchets, la résilience des chaînes d’approvisionnement.
  • Création de valeur : L’économie circulaire ouvre des espaces d’innovation, stimule la différenciation et soutient l’emploi.
  • Transparence : Communiquer sur les avancées en circularité fortifie la relation de confiance et attire de nouveaux partenaires.

L’agence de la transition écologique structure cette approche autour de sept piliers, de l’approvisionnement durable jusqu’au recyclage. Pour chaque entreprise, mesurer la circularité, c’est choisir de se situer sur l’échiquier, démontrer sa capacité à bouleverser ses pratiques et anticiper les transformations économiques à venir.

Quels sont les indicateurs clés pour évaluer l’économie circulaire dans votre organisation ?

Évaluer la circularité d’une organisation requiert de s’appuyer sur différentes familles d’indicateurs. La pertinence de la mesure dépend du secteur, de la stratégie et du cycle de vie des produits. Le World Business Council for Sustainable Development a mis au point la méthodologie Circular Transition Indicators (CTI), fruit d’un travail mené avec trente entreprises et KPMG. Cette approche structurée distingue quatre modules : refermer la boucle (recyclage, réutilisation), optimiser la boucle (efficience d’utilisation des ressources), valoriser la boucle (générer de la valeur à partir de flux circulaires), et mesurer l’impact de la boucle (effets sur les objectifs de durabilité).

Côté produits, la Fondation Ellen MacArthur propose le Material Circularity Indicator (MCI) pour jauger le degré de circularité d’un produit ou d’une organisation. À ces outils s’ajoute l’analyse du cycle de vie (ACV), qui permet de quantifier les flux de matières et d’énergie depuis la conception jusqu’à la fin de vie.

D’autres indicateurs ciblent directement la gestion des ressources : proportion de matières premières recyclées, taux de valorisation des déchets, durée d’utilisation des ressources (resource duration), consommation d’eau ou d’énergie renouvelable. Pour les secteurs industriels, des outils comme Circle assessment ou la Cesar Tool offrent des analyses plus poussées.

Parmi les indicateurs à suivre de près, on retrouve :

  • Taux de matières recyclées
  • Taux de valorisation des déchets
  • Durée de vie des produits
  • Part d’énergie renouvelable

La fiabilité de la démarche dépend de l’implication active de tous les acteurs concernés et de l’ajustement régulier des indicateurs au contexte de l’organisation. La circularité ne découle pas d’une simple déclaration : elle se construit, pas à pas, sur des données concrètes, partagées et suivies dans la durée.

Matériaux recyclables disposés en cercle sur une table blanche

Méthodes concrètes et outils pratiques pour améliorer la circularité au quotidien

Les transformations circulaires se jouent sur le terrain : dans l’atelier, au bureau, dans chaque entrepôt. L’éco-conception s’impose comme la pierre angulaire : repenser la conception d’un produit pour qu’il dure davantage, pour qu’il se répare, se démonte et se recycle plus facilement. Beaucoup d’entreprises s’y attellent : intégrer davantage de matériaux recyclés, réduire la part de ressources vierges, adapter leurs procédés à une logique de boucle fermée.

L’approvisionnement durable prend le relais dès l’amont. Sécuriser les filières, privilégier les matières à faible impact, diversifier les sources : autant de réflexes à adopter pour résister aux soubresauts du marché. Sur le terrain, l’écologie industrielle et territoriale (EIT) encourage la mutualisation des flux, la valorisation des coproduits, ou encore l’émergence de synergies locales. Un coproduit inutilisé ici devient la matière première d’un voisin.

Pour accompagner ces évolutions, plusieurs outils facilitent le passage à l’acte :

  • Circular Economy Toolkit : propose un questionnaire opérationnel pour évaluer la performance environnementale.
  • MFCA (évaluation financière des pertes matières) : met en lumière les coûts cachés liés aux ressources gaspillées.

Allonger la durée d’usage et encourager la consommation responsable s’imposent au cœur des modèles d’affaires. Place à la réparation, au réemploi ; développez des services annexes (location, partage, maintenance). L’économie de la fonctionnalité bouscule la notion de propriété : l’accès au service prime sur la possession.

La réussite dépend de l’implication de tous : salariés, clients, fournisseurs, collectivités. La circularité s’écrit à plusieurs mains, chaque jour, dans les gestes concrets et les décisions partagées. Elle n’est pas qu’un objectif, mais un mouvement en marche, porté par celles et ceux qui choisissent de faire autrement.