Pays avec le plus faible taux de lecture : un aperçu des statistiques mondiales
Moins de 15 % d’adultes lisent régulièrement dans certains pays, d’après le rapport 2023 de l’UNESCO. Pourtant, les taux d’alphabétisation progressent et les investissements éducatifs augmentent. Mais le nombre de livres lus par habitant, lui, continue de fondre, même alors que les ressources numériques se multiplient.
Les chiffres ne laissent guère place au doute : quand la lecture recule, les résultats scolaires suivent la même pente descendante. Les disparités se creusent aussi entre villes et campagnes, où le livre reste parfois un luxe ou, au mieux, une rareté.
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Panorama mondial : quels pays affichent les taux de lecture les plus faibles ?
En tête du classement des heures passées à lire chaque semaine, on retrouve l’Inde, la Thaïlande et la Chine. Plus de 10 heures hebdomadaires pour les lecteurs indiens : de quoi déstabiliser bien des habitudes occidentales. Dès lors qu’on quitte ces leaders, la chute est saisissante. Dans de nombreux pays, la lecture, malgré des progrès en alphabétisation, peine à s’imposer durablement au quotidien.
La France, elle, se situe à la 9e place au niveau mondial : une performance en retrait face aux mastodontes asiatiques. Les États-Unis, longtemps érigés en modèle culturel, apparaissent à la 24e place : moins de 6 heures par semaine consacrées à la lecture. Cette désaffection est soigneusement documentée depuis des dizaines d’années et témoigne d’une mutation profonde des pratiques culturelles et de l’accès à la connaissance.
Voici la tendance qui se dessine dans différents pays :
- Inde : plus de 10 heures/semaine
- Thaïlande : 2e place mondiale
- Chine : 3e place mondiale
- France : 9e place
- États-Unis : 24e place, 5,7 heures/semaine
L’écart ne se limite pas aux frontières : il existe aussi selon les générations et le genre. En France, la désaffection touche davantage les jeunes adultes, alors que leurs aînés maintiennent un lien plus solide avec les livres. La même dynamique se constate dans d’autres pays européens. Ce déséquilibre souligne le rôle des politiques publiques, du système éducatif et de l’égalité d’accès aux ouvrages dans la persistance de faibles taux de lecture.
Habitudes de lecture et réussite scolaire : quelles corrélations révèlent les statistiques ?
Toutes les études sérieuses convergent : la lecture pave le chemin de la réussite scolaire. Les pays nordiques, Finlande, Norvège, Islande, caracolent en tête pour la littératie. La France, elle, pointe à la 12e place. Un écart que l’on doit à une politique qui favorise la rencontre avec le livre dès la maternelle et se prolonge au fil du parcours scolaire.
Les chiffres en France parlent haut et fort : 45 % des femmes voient la lecture comme un divertissement, contre 27 % des hommes. Des écarts similaires se retrouvent en Italie ou en Allemagne. L’âge joue également son rôle : 29 % des 18-29 ans lisent régulièrement, alors que la proportion monte à 42 % chez les 50-64 ans. L’évolution bouscule la transmission familiale et repositionne le livre face à l’invasion de nouveaux loisirs.
Afin de donner de la chair à ces données, quelques exemples s’imposent :
- En Finlande, la lecture quotidienne est intégrée dès l’enfance et les élèves tutoient le sommet des classements mondiaux.
- En France, le recul du temps de lecture s’accompagne d’un affaiblissement des compétences en compréhension écrite, décelé dès l’entrée au collège.
Les pays où l’on lit le plus affichent non seulement de meilleurs résultats scolaires à grande échelle, mais aussi une progression continue du niveau d’alphabétisation chez les adultes. À l’inverse là où la lecture disparaît du quotidien, les écarts se creusent et la promesse d’égalité scolaire prend l’eau.
Décryptage des causes et des enjeux éducatifs derrière le désintérêt pour la lecture
Face à l’explosion des loisirs numériques, la lecture perd du terrain. Jeux vidéo, musique en streaming, cinéma, télévision : tout concurrence le livre. Pourtant, l’édition mondiale reste imposante, près de 151 milliards de dollars, davantage que le cinéma ou la presse. Mais l’essor du marché numérique vient bousculer la donne.
Le développement du ebook en témoigne : en 2013, les livres numériques atteignaient 12 % des ventes mondiales, et ce chiffre devait doubler cinq ans plus tard. On prévoit déjà près de 90 millions de lecteurs numériques à l’échelle internationale. Les États-Unis occupent la place de leader, loin devant le Royaume-Uni et la France, qui peinent à dépasser 5 % de parts de marché. Cette domination s’explique autant par le poids de l’économie que par l’emprise du divertissement.
Ce recul de la lecture trouve plusieurs explications :
- Les écrans accaparent l’attention et morcellent le temps libre, laissant la lecture linéaire à la peine face à la rapidité des formats numériques.
- D’autres obstacles demeurent : le coût des ouvrages, la faiblesse des bibliothèques dans certains territoires, l’accompagnement parfois défaillant à la maison ou à l’école.
Quand la famille et l’école n’assurent plus pleinement le rôle de relais, la passion du livre se dissout, concurrencée par d’autres univers. Si rien ne bouge, la compréhension écrite pourrait devenir l’apanage d’une minorité. La société ferme alors une porte. Pour cette génération, le risque est réel : rester sur le seuil du savoir, à regarder les livres s’éloigner, un peu plus chaque année.